Par Eric Amourdedieu

 

 

Deux plaques remarquables en faïence de Moustiers ont été détaillées longuement dans la conférence en ligne que j’ai présentée le 19 juin 2021 consacrée aux plaques décoratives à Moustiers. Cette conférence sera publiée dans le prochain bulletin de l’Académie de Moustiers à paraitre début 2022.


Ces deux pièces exceptionnelles, de grande dimension (51 par 41 cm)  sont conservées au Musée de Nevers qui m’a très aimablement fait parvenir ces images de grande qualité.

 

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Ces deux plaques, entrées au musée dès 1890 à l’issu du don Métairie ont une histoire romanesque qui nous est relatée par Charles Damiron : « Ces deux magnifiques plaques ont une histoire. En 1910, elles furent volées au Musée céramique de Nevers (alors laissé, comme beaucoup de musées de province, dans l’abandon complet et à la discrétion des visiteurs. — Ce splendide musée céramique était entassé dans les combles du Palais de Justice ! Aujourd’hui il a, dans le palais archiépiscopal, un cadre digne de lui). Le voleur de ces plaques était le fils d’un personnage politique, M. F... Il put heureusement être arrêté avant d’avoir fait disparaître les précieuses faïences, qui purent être identifiées grâce à la photographie qu’en avait faite peu avant M. le chanoine Requin. »
A cette époque les voleurs avaient du goût.

NF 1487 oct 2020 V3

La première représente Le Jugement de Paris. Le sujet central, est traité avec une très grande qualité de dessin : Junon (et son paon), Minerve et Vénus (accompagnée d’un amour) se disputent la pomme d’or que la Discorde avait jetée entre elles ; cette pomme devait être offerte à la plus belle.

 

NF 1487 oct 2020 V3z

 

Conduites par Mercure, elles comparaissent devant le berger Pâris. En échange de cette pomme, Junon lui offrait l’Asie, Minerve la sagesse ; Vénus, qui proposait l’amour d’Hélène, reçut la pomme.

 


La seconde plaque d’une dimension identique figure « le sacrifice d’Iphigénie ».

 

NF 1488 oct 2020


Agamemnon était sensé sacrifier sa fille Iphigénie pour laver un affront qu’il avait fait à Artémis.

 

Artémis elle-même trouvant ce prix un peu élevé, élabora un stratagème pour épargner Iphigénie.


Au centre on voit un autel sur lequel repose une biche qui  sera sacrifiée par ruse, à la place d'Iphigénie.

 

Artémis venue sur son char tiré par deux oies, répand une épaisse fumée, se saisit d'Iphigénie  pour la sauver, et laisse la biche se consumer à sa place, sans que les spectateurs aveuglés par la fumée ne comprennent l'astuce.

 

Derrière l'autel, le devin Calchas, poignard à la main.

 

NF 1488 oct 2020z

 

A sa gauche, trois personnages écartent les bras, qui pourraient être Agamemnon, Ménélas et Ulysse. Au premier plan trois enfants portent des offrandes. De part et d'autre de l'autel, une armée importante est représentée, un peu plus loin les tentes du campement.


Ces deux plaques datent très certainement de la période 1738 1740, et ont été produites sous la conduite de Joseph Olérys à son retour d’Alcora.


On trouvera de nombreuses explications complémentaires sur ces plaques en particulier et sur les plaques décoratives à Moustiers en général dans la prochaine édition du Bulletin de l’Académie de Moustiers.