Par Eric Amourdedieu

 

Les faïences de Moustiers depuis la fin du XVIIème et tout au long du XVIIIème se caractérisent, entre autres, par la qualité de leur émail. Blanc, éclatant, brillant, pratiquement jamais craquelé, l’émail est certainement un des points fort de la production moustérienne.


On connait à Moustiers, une production de grand feu, relativement restreinte, située approximativement dans le dernier tiers du XVIIIème siècle dans laquelle les décors sont posés sur des fonds d’émail jaunes. Ceux-ci possèdent, hors la couleur, les caractéristiques de l’émail blanc, notamment l’éclat, la profondeur et la brillance.

Ces productions sont attribuées sans plus de précisions aux manufactures Pelloquin et Fouque, d'une part, et Féraud, d'autre part. Il est cependant  probable que la plupart des fabriques en activité en cette fin du XVIIIème en ait produit.

On trouve ainsi émaillées de jaune une très grande variété de formes.

En revanche et paradoxalement, on connait très peu de variété dans les décors utilisés. Ainsi la quasi-totalité de ces pièces présentent soit un décor de fleurs au naturel (anciennement dit "de Montpellier"), soit un décor dit « aux drapeaux ».


Quelques exemples de décors de fleurs au naturel :

 

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Quelques pièces à décor "aux drapeaux" sur fond d'émail jaune : 

 

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En dehors de ces deux types de décor, qui représentent donc la quasi-totalité des pièces sur fond jaune, on connait seulement deux pièces, issues du même ensemble, présentant un autre décor tout à fait singulier.


Il s’agit d’un décor de singeries. Ce décor inspiré des productions plus précoces d'Olérys, est connu à cette période plus tardive sur fond blanc, mais seulement sur deux exceptionnelles pièces à fond jaune.


La première de ces pièces est un pichet couvert. En collection privée, il a été exposé à l’Exposition rétrospective de la faïence française en 1932 au musée des Arts décoratifs à Paris, il est issu des collections Marcel Haas, puis Robert Collet.

 

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Des singes sont présents sur des tertres gazonnés et arborés, ainsi que des animaux.

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On retrouve sur la panse une version simplifiée d'un décor de singes préparant la bouillabaisse, décor utilisé quleques décénnies plus tôt sur certaines pièces de qualité issues de la manufacture de Joseph Olérys. En voici un exemple à droite issu d’un plat à décor de grotesques en camaïeu manganèse de la manufacture Olérys Laugier.

 

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Une deuxième pièce du même ensemble, également en collection privée, fut présentée à l’exposition de Grasse en 1992. Il s’agit d’une théière à panse sphérique.

 

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Cette théière présente un décor très similaire au pichet précédent. On retrouve les singes, et les animaux sur les tertres, ainsi que le fameux poncif de la préparation de la bouillabaisse.


Ces deux pièces sont les deux seules connues présentant ce type de décor sur fond d'émail jaune.

 

Elles servaient manifestement au service des liquides. Il devait logiquement exister, en complément, des tasses, sous-tasses, et plateau … qui restent à découvrir…